Un croupier amoureux d'un joueur de black jack devant la justiceLe tribunal correctionnel de Clermont-Ferrand a condamné un ancien croupier du casino de Royat (Puy-de-Dôme) à des travaux d’intérêt général pour avoir triché afin de faire gagner un joueur de black jack qui venait régulièrement dans l’établissement de jeu. Le jeune homme affirmait avoir agi « par amour »…

Quand l’amour fait faire des folies

L’affaire jugée ce lundi 6 mai par le tribunal de Clermont-Ferrand est assez peu courante et révèle encore une fois toute la complexité des sentiments humains. Les faits jugés remontent à environ deux ans, en mai 2017. A l’époque, le principal mis en cause, que nous surnommerons Roméo, travaillait en qualité de croupier dans le casino de Royat. Agé alors de 26 ans, il officiait notamment sur les tables de black jack de l’établissement.

Et c’est dans l’exercice de cette profession qu’il fit la connaissance d’un gros parieur, joueur régulier du casino, à la main légère. Devant la cour, Roméo affirme être tombé « fou amoureux » de ce client. Un amour qui le mènera malheureusement à sa perte, quelques mois plus tard. Car, pendant les mois qui vont suivre, le jeune croupier va développer divers stratagèmes afin de favoriser son « crush » au cours de ses séances de jeu. Usant de toute son expérience dans le maniement des jetons, il a ainsi permis à ce dernier de remporter quelques centaines d’euros sur des parties normalement perdues.

Une somme dérisoire…

Mais contrairement à ce que l’on pourrait penser, les petits « jeux de mains » de l’ancien croupier n’ont permis à son client, sont loin d’avoir permis à son client de s’enrichir. Au total, ce ne sont en effet que 745 € qui ont été indûment perçus par le joueur concerné entre mai et septembre 2017. Un bien maigre pactole comparé aux milliers d’euros que ce dernier venait miser chaque semaine sur les tables de l’établissement.

Un détail que n’a d’ailleurs pas manqué de relever Florence Leroux-Ghristi, procureur de la République en charge du dossier. Intriguée par les incohérences émanant de cette affaire, la représentante du ministère publique s’est interrogée sur l’intérêt de telles petites manœuvres, alors même que le bénéficiaire désigné pouvait parier « jusqu’à 8 500 € par mois » sur les tables de blackjack du casino de Royat. Rien que pour le mois de mai 2017, ce high roller avait ainsi perdu la généreuse somme de 77 000 € en jouant dans le casino.

Le croupier et son « amour » condamnés

Présent à l’audience de ce lundi matin, l’ex-jeune croupier a reconnu l’ensemble des faits à lui reprochés, et fait son mea culpa, affirmant avoir agi uniquement par amour. Selon les avocats qui assuraient sa défense, il n’aurait d’ailleurs pas reçu la moindre contrepartie financière pour ces tricheries. Il a été condamné par le tribunal, à 70 heures de travail d’intérêt général. Ladite peine devra être exécutée dans les dix-huit mois à venir.

Une juste sanction qui s’ajoute au retrait de sa licence de croupier, signifiant la fin de sa carrière dans le milieu. Quant au joueur de black jack qui a fait battre son cœur et l’a conduit à cet égarement, il a été condamné par le parquet, à une amende de 1 500 € d’amende. Absent lors des débats, l’histoire ne dit cependant pas s’il a encouragé, d’une manière ou d’une autre, le croupier à la faute. Les deux hommes devront, par ailleurs, rembourser de façon solidaire, au casino, la somme de 745 € indûment perçus au titre de dommage et intérêts.