Un secteur naissant « abattu » en plein vol
Composée d’un peu moins de 2 millions d’habitants, la population gambienne est très majoritairement musulmane (environ 95 % de la population). Mais cela n’avait pourtant pas constitué un frein à la naissance et au rapide essor d’un secteur local des jeux d’argent. En effet, profitant d’un environnement initial favorable et du développement de l’offre hôtelière et touristique du pays, de nombreux établissements de jeux de hasard ont vu le jour au cours des dernières années. Casinos, kiosques de paris sportifs, de loterie et autres jeux d’argent étaient ainsi ouverts à tous à Banjul, la capitale, pour le plus grand bonheur de leurs promoteurs. Tout semblait donc aller pour le mieux pour un secteur qui était d’ailleurs devenu l’un des maillons forts de l’économie locale. Enfin, jusqu’à il y a quelques jours. Désormais, les 50 000 touristes qui visitent chaque année le pays, ainsi que tous les Gambiens qui y avaient pris goût devront faire sans.
Pour le bien-être des citoyens gambiens
Dans son communiqué, le gouvernement a invoqué l’intérêt général de la Nation et la conservation des valeurs intrinsèques sur lesquelles est fondée la Gambie pour justifier sa prise de décision. Pour le Président Yahya Jammeh, le développement quelque peu anarchique de kiosques et autres établissements de jeu dans les rues gambiennes a favorisé de nombreux comportements néfastes, dont les conséquences se font déjà ressentir. Faisant le constat d’une hausse de la criminalité et d’une dépendance précoce touchant même les établissements scolaires, le gouvernement gambien a donc déclaré vouloir y mettre fin au plus tôt afin de « protéger » ses concitoyens et les « encourager » vers des activités plus saines et plus en harmonie avec leurs convictions religieuses. Car, selon le gouvernement gambien, les deux principales religions pratiquées dans le pays (le christianisme constituant la principale minorité religieuse) interdisent les jeux d’argent à leurs fidèles. Pas question donc pour les autorités locales de laisser la jeunesse devenir accro.
Décision salvatrice ou simple nouvel acte dictatorial
Pour beaucoup d’observateurs bien au fait de la situation politique de la Gambie, cette décision n’est rien d’autre qu’un nouveau coup d’éclat du président gambien qui est assez connu pour ces prises de positions souvent extrémistes et à la limite du diktat. Arrivé au pouvoir en 1994 suite à un coup d’État, Yahya Jammeh n’en est en effet pas à son coup d’essai. En supprimant l’une des nouvelles vaches à lait et grosse pourvoyeuse d’emplois du pays, il reste donc assez fidèle à sa politique menée jusque-là, souvent décriée par l’occident et les défenseurs des libertés individuelles.