La participation des employés de casinos aux jeux d’argent a toujours été interdite par la législation canadienne. Mais pour certains employés de casinos au Québec, les choses ont changé. En effet, à la surprise générale, la Société des Casinos Loto Québec a levé, le 22 juin 2015, cette restriction en ouvrant les portes de sa plateforme de jeu en ligne, Espacejeux, à ses employés. Une décision qui n’est pas vraiment du goût de tous…
La petite faille de la loi qui légitime l’autorisation de Loto Québec
Il n’y a pas de loi parfaite. En effet, assez souvent, l’évolution de la technologie ou du contexte affaiblit ou rend soudainement caduques les dispositions des textes législatifs. Dans le contexte actuel, c’est le développement de l’industrie du jeu en ligne qui a permis de créer une brèche. En effet, les articles portant sur l’interdiction du jeu aux employés de casinos s’étaient limités aux casinos et salons de jeux terrestres. Profitant de ce critère, Loto-Québec a donc pu prendre une décision tout à fait légal, puisque concernant une plateforme de jeu en ligne, Espacejeux, donc non concernée par l’interdiction historique. Enfin, jusqu’au prochain toilettage juridique en tout cas.
L’étonnement des employés eux-mêmes
Les employés des casinos du Québec ont été les premiers surpris par cette décision, surtout qu’aucune demande formelle ou syndicale n’avait été introduite dans ce sens. Jusque-là, même leurs représentants du personnel ne sont pas plus éclairés sur le sujet que les autres. Alors, mesure incitative à l’endroit du personnel ou cadeau empoisonné? La question reste ouverte.
Une décision qui fait des remous
Du côté des experts, on n’a pas tardé à fustiger cette évolution subtile des pratiques en matière de jeux en casinos. Sur l’autel de l’éthique, la nouvelle donne de Loto-Québec est durement critiquée. Les questions qui sont soulevées sont celles de l’impartialité des employés de casinos autorisés à jouer. Le grand public se sentirait-il rassuré de jouer en sachant que des employés sont juges et partis ? Si un tel employé parvenait à décrocher le jackpot, ne crierait-on pas au scandale et à la tricherie? Il va sans dire que la transparence et la neutralité de la Société des Casinos du Québec semblent être remises en cause par beaucoup. Certains n’hésitent même pas à lâcher les mots redoutés : conflits d’intérêts à l’échelle de la société d’Etat.
D’autres acteurs du jeu désapprouvent
La décision de Loto-Québec est vue d’un mauvais œil par la Société des Loteries et des Jeux de l’Ontario. Cette dernière estime que l’intégrité des paris n’est pas préservée avec cette ouverture faite aux employés de casinos. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle, en ce qui concerne les employés de casinos de son ressort géographique (l’Ontario), elle a maintenu l’interdiction de jeu en ligne sans distinction de salle terrestre ou virtuelle comme All Slots Casino, un des casinos en ligne les plus appréciés des joueurs canadiens.
Le petit bémol qui apporte du crédit à Loto-Québec
A la décharge de Loto-Québec, il faut dire que l’intervention de l’homme sur la machine est plutôt limitée dans les paris d’argent en ligne. On peut donc se résoudre à l’idée que les possibilités de fausser le jeu ou de faire des manœuvres frauduleuses sont presque inexistantes pour les employés qui participent au jeu en ligne. Mieux, Loto-Québec a maintenu l’interdiction de jeu en ligne pour les employés impliqués directement sur son site de jeux en ligne EspaceJeux.
Il n’y a donc peut-être pas de quoi en faire tout un plat finalement…