Une partie importante du fond de commerce
L’un des éléments sur lesquels le juge s’est fondé comme nous le precise notre confrere du ABC News, c’est que le Borgata a une politique commerciale qui va un peu au-delà du service ludique attendu. Aux dires des habitués, c’est la maison de jeu qui a les plus belles « babes » (serveuses) de toute la ville et chaque année, un calendrier est édicté avec les photos des plus belles d’entre elles. Ce calendrier est l’un des produits dérivés les plus achetés par les clients. Pour entretenir cette réputation qui greffe donc indéniablement son fond de commerce, le casino est obligé de toujours proposer à sa clientèle des serveuses qui répondent à certains critères physiques de beauté. Au nombre de ces critères, il y a bien évidemment le poids, qui fait l’objet d’un contrôle rigoureux.
Les clauses du contrat des « Babes »
En 2003, lorsque le casino ouvrait ses portes, les employées n’étaient tenues que de rester dans les limites de l’Indice de Masse Corporelle, c’est-à-dire que leur poids devait être proportionnel à leur taille. En 2005, cette règle a été remplacée par celle des » 7% » qui stipule que le gain ou la perte de poids ultérieurs au contrat ne peuvent rester que dans une proportion de 7% par rapport au poids à l’embauche. Pour être sûr que ses Babes restent dans cette fourchette, l’employeur organise de fréquentes séances de pesées. Avant 2009, les employées qui outrepassaient ces limites étaient automatiquement suspendues sans solde pendant 90 jours, le temps de retrouver leur poids normal. Dorénavant, elles peuvent continuer à travailler pendant cette période tout en suivant un programme spécial mis sur pied par l’entreprise. Des mesures spéciales existent pour celles qui traversent la maternité.
Le juge, le poids et la discrimination
Devant les tribunaux, certaines plaignantes ont raconté comment on leur faisait boire des laxatifs contre leur gré afin de garder la ligne. D’autres ont relaté avoir été sévèrement sanctionnées pour avoir mangé un cookie alors qu’au même moment, leurs collègues masculins pouvaient déroger aux prescriptions impunément. Devant ces allégations, le juge Marie Lihotz a estimé qu’en dépit de ce « stéréotype archaïque », les plaignantes avaient choisi de s’y soumettre en acceptant de travailler pour le casino. Pour Joseph Corbo, conseiller juridique de l’entreprise, le Borgata mène une politique de l’apparence tout à fait licite.
Cependant, les plaignantes ont aussi évoqué d’autres comportements discriminatoires provenant d’un environnement de travail hostile. Des serveuses ont fait l’objet de moqueries blessantes au sujet de leur corpulence. Et c’est peut-être sur ce front que les babes du Borgata obtiendront finalement gain de cause dans cette affaire qui n’a vraisemblablement pas encore livré son verdict final.